mercredi 1 octobre 2008

"Cindy, Oh Cindy"

Cindy oh Cindy
Pourquoi n'écris-tu pas?
J'ai peur que tu m'oublies
Je suis si loin de toi

J'ai pris la mer pour voir du pays

Et je n'ai pas trouvé
Des yeux plus doux que ceux de Cindy
Cindy que j'ai laissée
Et je n'ai rien fait que d'en rêver
Aux quatre cooins du monde

Dans chaque barque je crois revoir
Sa robe au loin danser
La brise chaude a pour moi le soir
Le goût de ses baisers
Mais le long des jours plus j'aime y penser
Et je suis seul au monde


Cindy oh Cindy
Ne danse pas sans moi
Tu es bien trop jolie
Pour qu'on ne t'aime pas

Sur un navire de son pays
Ainsi rêvait un gars
Et les mouettes tout comme lui
Chantant Cindy tout bas
Paraissaient pleurer les amours enfuies
De tous les gars du monde

Cindy oh Cindy
Cindy ne m'oublie pas
Je donnerais ma vie
Pour être près de toi

Cindy oh Cindy oh Cindy

Je me suis réveillé ce matin avec cette chanson dans la tête. Comme chaque matin, depuis toujours, une mélodie, un refrain, sont là et marquent le ton de la journée qui commence. Parfois, c’est une chanson entendue la veille. Souvent, c’est un air enfoui dans ma mémoire, que je n’ai pas entendu ni fredonné depuis des années. Ce matin, cette chanson nostalgique me revient du fond de mon enfance. J’avais à peine 7 ans quand nous l’écoutions en boucle sur le tourne-disque familial. Ce 45 tours (chanté par les Compagnons de la Chanson, je présume) faisait partie des quelques rares disques que nous possédions, en dehors de recueils de chansons enfantines. La mélodie nous envoûtait, et nous ne prêtions pas vraiment attention aux paroles. Pourtant, nous percevions distinctement les sentiments qu’elles exprimaient, en écho à notre propre désarroi : privés de père depuis des mois par cette guerre dont nous ignorions tout, et qui se passait si loin, de l’autre côté de la mer, en Algérie. 

Aujourd’hui, la nostalgie vient s’ajouter à la mélancolie. Voilà à peine une semaine qu’elle est partie. Elle sera de retour dans quelques jours, et nous nous téléphonons quotidiennement, mais je commence à ressentir le poids de l’absence. La mélancolie, la douleur sourde, comme la vase au fond de l’étang, qui trouble l’eau dès que l’on s’y aventure. La douleur de la solitude, telle que je l’ai connue, jadis, dans les années de doute de la post-adolescence – mais, à l’époque, je m’accrochais encore à une espérance imprécise. La douleur de la solitude que vit désormais ma mère, depuis le décès de mon père, alors que ses forces déclinent et que ses idées s’emmêlent. La douleur de la solitude que j’entrevois, lorsque j’ose regarder devant moi, maintenant que c’est ma génération dont les rangs commencent à s’éclaircir. Une chanson en appelle une autre : « … Tous ceux enfin dont la vie, Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous ». (Lamartine, chanté par Georges Brassens);

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