vendredi 3 octobre 2008

Rosanna Banana

De ma fenêtre froide et rectangulaire
Quand la pluie fait chanter l'odeur de la pierre
J'vois rev'nir les saisons qui mangent les gouttières
Et j'te vois pas en rev'nir, et j'ai l'cœur à l'envers

Peut-être te caches-tu, dis moi, comme une brigande

Dessous les parapluies qui passent en guirlandes
Comme si j' dansaient dans la rue côté pair ou impair
Un cha-cha en file indienne, un mambo en fil de laine

Rosanna Banana
Mais qu'est-ce-que tu peux faire?
Rosanna Banana
Tu m'laisses tout seul sur la terre
Rosanna Banana
Si tu voyais ma misère
Rosanna Banana
Mais qu'est-ce-que tu peux faire?

C'est dans une île à coco comme dans les documentaires
Là où l'on voit des heureux qui n'ont que l'temps de rien faire
Que t'es partie un soir, pour un concours de béguine
Et j't'ai perdue vers le bar, tout au fond d'un vieux dancing


Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?
Rosanna Banana
Tu m'laisses tout seul sur la terre
Rosanna Banana
Si tu voyais ma misère
Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?

Rosanna Banana, Rosanna Banana, Rosanna Banana

Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?
Rosanna Banana
Tu m'laisses tout seul sur la terre
Rosanna Banana
Si tu voyais ma misère
Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?

Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?
Rosanna Banana
Tu m'laisses tout seul sur la terre
Rosanna Banana
Si tu voyais ma misère
Rosanna Banana
Qu'est-ce-que tu peux bien faire?

Encore William Sheller ! Ce sont ce matin les cuivres éclatants du refrain qui trottent dans ma tête aussitôt que je reprends conscience après une courte nuit de sommeil. Pas vraiment étonnant que cette rengaine ait intoxiqué mon subconscient, car je l'ai écoutée hier, ainsi que quelques autres, sur le trajet de retour du travail. C'est plus la mélodie envahissante qui s'est emparée de mon cerveau que les paroles, auxquelles je n'avais pas vraiment prêté attention. Je les retrouve ce matin sur le Web, et je m'arrête sur "Tu m'laisses tout seul sur la terre" qui sonne comme un reproche à tous ceux que la vie (ou la mort) a éloignés de moi. Comment pourrais-je leur en faire le reproche. Ais-je été présent auprès d'eux, ais-je pris le temps de leur rendre visite, de les appeler, de leur écrire ? Préoccupé par le quotidien, j'ai toujours remis cela au lendemain : "Demain, on rase gratis !" On est toujours le lendemain du jour qui précède, mais est-on si sûr que l'on sera encore là pour dire "hier" ?  

Elle sera de retour dimanche. Au téléphone, elle commençait déjà à évoquer le retour, avec son cortège de corvées, d'épreuves: bientôt la nouvelle "chimio", les prises de sang, les consultations... Son moral est bon: elle a profité du soleil, marché, s'est baignée un peu dans l'eau tiède d'un septembre finissant. Elle a surtout le sentiment d'avoir gagné un peu de liberté, d'avoir à nouveau vécu "comme avant". 

Le refrain entêtant de "Rosanna" continue à tourner en rond dans ma tête. Il faudra bien qu'il en sorte, pour laisser entrer une autre mélodie, d'autres paroles, d''autres idées. Répéterai-je longtemps comme lui : "Si tu voyais ma misère" ? C'est vrai: devant la douleur des autres, je cherche toujours à me convaincre que c'est moi qui suis à plaindre.

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