Juste un concert au bord de l'ile Rousseau
Et le hasard de se voir à nouveau
Tu viens vers moi et tu me dis bonjour
Le temps sur Genève est bien lourd
Et l'on échange là quelques nouvelles
Les Berlinois ont quitté leur hôtel
Monsieur Wagner est mort hier au soir
Le temps sur Genève est bien noir
Mais je m'attarde en d'inutiles verbes
Je perds un jeu que je croyais superbe
Entre nous il n'est plus question d'amour
Le temps sur Genève est trop court
Ce matin, ce sont ces notes de William Sheller qui s’égrènent dans ma tête au réveil. Pas vraiment étonnant, car je repasse inlassablement ses chansons dès que je monte en voiture, depuis que mon fils m’a offert un coffret avec ses « 100 meilleures chansons ». Je n’en connaissais jusque là que quelques unes, celles que les média avaient, en leur temps, largement diffusées. Je me souvenais aussi l’avoir aperçu un soir à la télévision, alors que je n’avais pas vingt ans. Je ne me souviens plus de ce qu’il chantait alors, mais j’ai gardé le souvenir d’un poète doux et délicat, d’une mélodie simple et immense, d’un texte original et profond.
Et puis, il y a peut être deux ans, je suis tombé par hasard, en roulant, sur une émission de radio consacrée à sa discographie, avec quelques extraits de chansons. Je me suis alors arrêté sur le bas côté de la route, en rase campagne, pour écouter… quelques instants seulement, car l’émission touchait à sa fin, mais ce que j’avais entendu m’avait subjugué, et je n’ai cessé depuis, à l’approche de Noël et de mon anniversaire, de glisser subtilement dans la conversation mon souhait de découvrir l’œuvre de ce chanteur hors catégorie. Mon fils cadet a bien capté le message. Merci Il avait du reste attisé mon intérêt en jouant superbement, au piano, « Les miroirs dans la boue ».
Ma curiosité est maintenant comblée, au-delà de mes espérances. Outre les mélodies sublimes et les textes subtils, j’ai retrouvé mon impression initiale : un romantique du quotidien, illuminant la nostalgie, éclairant l’âme de l’intérieur. Simple, sincère, discret, tendre et modeste : l’anti-macho parfait. « Genève » évoque avec des accidents délicatement nostalgiques le décours solitaire de nos vies, qui se rapprochent ou se croisent sans jamais vraiment se rencontrer, les sentiments qui auraient pu naître, ceux qui restent enfouis comme des fleurs sous la neige, les petits riens qui pourraient changer une vie… et ne la changent pas.
PS : je viens d’apprendre que William Sheller était aussi l’auteur de « My Year is a Day ». Fichtre !
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