jeudi 9 octobre 2008

Spiritual

Encore Johnny Cash ! Comme je l'ai dit,je ne choisis pas les chansons que j'évoque sur ce blog. Ce sont elles qui s'introduisent nuitamment dans mon esprit. Du reste, c'est la mélodie, et non le texte, qui s'empare de mes neurones.

Les paroles de cette chanson n'auraient, de fait, pas retenu vraiment mon attention ou, du moins, recueilli mon adhésion, puisque je suis "devenu", depuis nombre d'années, résolument agnostique. En outre, je dois me dire un peu agacé par le côté "politiquement correct" de certaines chansons de Johnny Cash (dont celle-ci), marquant, dans la dernière partie de sa carrière, une forme de retour au conformisme "main street", typiquement américain.

Aux États Unis d'Amérique, Johnny Cash avait acquis, en effet, une stature que l'on pourrait comparer à celle de Georges Brassens en France : c'est vrai quant à l'affection du public, la notoriété, la reconnaissance du rôle majeur de poète, et la capacité du plus grand nombre à s'identifier au personnage. Cependant, la comparaison s'arrête là.

Si Johnny Cash a, dans la première partie de sa carrière, notamment, proclamé et revendiqué son statut de "mauvais garçon" et de rebelle, il n'a jamais vraiment contesté l'ordre établi, et a toujours reconnu les torts (sinon les siens, du moins ceux des personnages qu'il incarnait, comme dans ses nombreuses chansons mettant en scène un bagnard ou un condamné). Il a, certes, remis en question le comportement de la société, à l'égard des "exclus", des pauvres, des prisonniers... en soulignant le cynisme, l'iniquité, et la cruauté de leur traitement, mais il a fait cela au nom même des valeurs "évangéliques" qui formaient la base de son éducation. Peu à peu, le thème et le ton de ses chansons ont évolué, et ses derniers enregistrements étaient, pour la plupart, caractéristiques du "retour de l'enfant prodigue" dans le cadre étroit et contraignant de la pensée dominante nord-américaine.

Georges Brassens, au contraire, n'a pas varié d'un iota tout au long de sa carrière. Il a toujours défendu la liberté, l'originalité, et le droit à "suivre un autre chemin" (que les "braves gens"). Il n'a jamais considéré que son attitude sinon anarchiste, du moins farouchement indépendante était coupable ou fautive, alors même qu'il était toujours prêt à identifier et approuver certaines valeurs prônées par "la" religion (cf., par exemple, "La Messe au Pendu").

En ce sens, et au risque d'une sur-simplification, Georges Brassens incarnerait l'esprit français autant que Johnny Cash incarne l'esprit nord-américain (bon sujet de polémique !).

Ceci étant dit, les paroles de Johnny Cash ne peuvent me laisser indifférent. Depuis les années que je côtoie, dans mon cadre professionnel comme dans ma famille proche, la maladie et la mort, je comprends parfaitement, et je partage, l'angoisse de mourir seul.
La formule est d'ailleurs réversible : la solitude est une forme de mort. J'ai souvent, dans mes périodes un peu mélancoliques, l'impression étrange et probablement banale de ne pouvoir vraiment exister que par les liens que je peux établir avec "le reste du monde". Je ressens alors un désir presque sauvage de partager mes idées, mes sentiments avec l'ensemble du genre humain - de faire partie intégrante de l'humanité (solitude étant alors synonyme d'exclusion).

La deuxième idée force de la chanson de Johnny Cash est tout aussi intéressante : "My Love was not True..." Cette phrase peut aussi se lire dans les deux sens : "Mon amour a été trahi", ou bien "Je n'étais pas sincère". Dans les deux cas, la solitude en est la sanction...
 
 
 

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