Paul Simon exprime ici, avec une extraordinaire force d'évocation, la solitude et la nostalgie du voyageur. Le personnage de la chanson n'est autre qu'un chanteur qui court le cachet, de ville en ville, et l'on ne peut s'empêcher de penser à "la pierre qui roule toujours" qui a fait sortir de l'ombre Johnny Hallyday, où au "Je m'voyais déjà" de Charles Aznavour. Cependant, les sentiments que décrit ici Paul Simon, avec tant de délicatesse et de pudeur, pourraient tout aussi bien être ceux du visiteur de commerce, de l'ouvrier immigré, ou du réfugié. Il n'est parfois pas même nécessaire d'être loin de chez soi pour ressentir cette étrange impression, cette envie de revenir en quelque lieu ou quelque temps auquel on appartiendrait, ou qui nous appartiendrait : - le cocon familial, ou le cercle des amis, ou le pays où l'on entend la langue que l'on comprend; - le temps de l'insouciance, de la quiétude, de l'affection...
Au Foyer
Valise au pied, mon billet en main,
Ma guitare dans mon dos, j’attends le train
Pour une tournée bien réglée
Aux étapes d’une seule soirée
Où je devrai faire aussi bien
Le poète et le musicien.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.
Les jours sont interminables
De cigarette en magazine ;
Et toutes les villes sont semblables :
Des cinémas et des usines,
Et chaque étranger que je vois
Me dit que je n’suis pas chez moi.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.
Ce soir, je chanterai encore,
Jouerai mon rôle dans un décor,
Mais tous mes mots vont me heurter
Comme teintés de médiocrité,
L’harmonie dans la vacuité…
Je voudrais être réconforté.
Au foyer
Je veux rentrer !
Au foyer,
Là, où ma pensée s’enfuit,
Là, où ma musique naquit,
Là, où mon amour languit
Silencieusement.
Silencieusement
(Traduction - Adaptation : Polyphrène)
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